Création artistique

Spectacle

Dissident, il va sans dire

Compagnie Daru / Thémpô

Auteur : Michel Vinaver

Mise en scène : Conception, mise en scène Christian Chabaud Nicole Charpentier Direction du jeu Nicole Charpentier

« Hélène et Philippe habitent ensemble, mère et fils. Attachants l’un et l’autre. Attachés l’un à l’autre. Mais lui passe aussi son temps à se dégager. D’elle. De la société. Du monde. Dissident il l’est avec passivité. Il parle mais se délie des paroles qu’il prononce. Disons peut-être que chez lui il n’y a pas d’adhérence. Il va. Il va sans dire. Elle n’est pas immobile, elle va et dit le discours « des parents ». Elle le dit avec hésitation, ardeur, délicatesse, discrétion. Apparemment ça ne mène pas à grand-chose. Ce qui se passe entre eux risque tout le temps d’être nul. Pourtant on n’est pas loin, entre eux deux, de ce qu’on pourrait appeler une passion, une intelligence. » (Michel Vinaver)


De Vinaver à Hopper : une (possible) vision esthétique du texte dramaturgique

Le matériau de Vinaver est la réalité disséquée comme en laboratoire : le quotidien - ce prétendu insignifiant -, l’intimité des êtres, leur relation - qui ne va pas de soi. Tout a une importance. Rien n’est assez banal pour être interprété. Instantanés. Aux mots sobres de Michel Vinaver, à sa sincérité de parole, correspondent chez le peintre Edward Hopper la vérité d’un espace, la justesse d’une lumière, d’une attitude, d’un visage…

Notre intuition est qu’il existe une passerelle esthétique entre les images de Hopper et la parole de Vinaver, une inspiration réciproque d’un monde pictural à un monde dramaturgique identique. Même émotion distanciée. Même feu couvant sous la glace.

Notre propos : faire « entendre » les personnages de Vinaver, ici une mère et son fils, interprétés par un seul acteur-manipulateur, figurés par deux marionnettes. Mannequins réalistes, leur visage est un dessin d’humain; pantins géométriques, leur corps est une structure désincarnée aux articulations délicates. Leur existence théâtrale se dégage de leur présence-même, avant qu’ils ne bougent. Effigies, elles paraissent plus vivantes que nature grâce à la force imaginante de ceux qui les regardent, les écoutent. Quand une tête s’incline, une épaule se décale, une main s’écarte, un corps bascule, un autre se dresse, la simplicité des mouvements rejoint celle de l’écriture de Vinaver. Sous son apparente banalité, le quotidien peut revêtir la puissance du symbole. Chaque être est unique; l’auteur l’écrit. Chaque marionnette a une âme; au marionnettiste de le montrer.


À la création de la Compagnie Daru, Michel Vinaver a dit : « Le parti de mise en scène de Nicole Charpentier et Christian Chabaud de mettre le texte en valeur par une voix unique (ndlr - celle de Christian Chabaud) tend à mettre l’accent sur le côté fusionnel de la relation entre la mère et le fils. C’est une interprétation très personnelle de la pièce, avec une forte présence du père / Il y a peut être un déficit de violence dans le personnage de la mère présenté ici. Elle est peut-être - pour moi - trop gentille, mélancolique... Mais c’est le propre d’une écriture ouverte de permettre beaucoup de choses; et, bien sûr, çà peut être comme çà ! / J’ai trouvé que la fusion des deux personnages fonctionnait très bien justement, particulièrement dans cette fin très réussie ! »

EXTRAITS DE PRESSE

> Mention spéciale à « Dissident, il va sans dire », très belle adaptation du texte de Michel Vinaver, pour une création sonore, un marionnettiste à vue et deux personnages au look BD : l’ado Philippe et sa mère, Hélène, un poil fusionnels, en pleine traversée de temps moroses...
(Télérama - Cathy Blisson))

> Magnifique traitement en marionnettes, qui démontrent - s’il en était besoin - qu’elles peuvent s’adresser à un public adulte, et porter des émotions fortes, des relations nuancées... Un moment magique, suspendu dans les faisceaux blancs des projecteurs, sur le fond noir du manipulateur, avec les voix de Philippe et d’Hélène qui continuent à résonner, des heures après... (Midi Libre)

> La pauvreté est une position politique. Tournant le dos à tout çà mais travaillant à partir du même matériau, la compagnie francilienne Daru, installée dans l’Essonne, fait un travail de marionnette assez sec et étrange, qui est bien intéressant.
(Regards - Diane Scott)

> La marionnette en dissidence. C'est un véritable tour de force que réussit la compagnie Daru à travers sa nouvelle création « Dissident, il va sans dire ». Le temps où la marionnette ne se limitait qu'à un morceau de chiffon innocent, poussant des onomatopées, est bien révolu. Preuve en est, "Dissident, il va sans dire", la dernière création de la compagnie Daru. Une lucarne sur la société contemporaine et la complexité relationnelle entre une mère et son fils...
(Le Républicain - Nicolas Pointu)

Technique

pantins sur table, acteur-manipulateur

Distribution

Christian Chabaud

assistant de jeu
Nicolas Charentin